Travail en cours
Depuis 2019, je me rends régulièrement dans le village d’Hasankeyf, par le train, pour documenter l’impact du barrage Ilsu sur le village, ses habitants et tout le territoire.
De nombreux barrages ont été construits sur l’Euphrate et le Tigre afin d’assurer au pays un contrôle de l’eau qui passe en territoire kurde, irakien et Syrien, sous couvert de production d’énergie hydraulique. Hassankeyf, ayant vu passé sur ses terres 12 000 ans de civilisation, a terminé sous les eaux du barrage à l’automne 2020. Le village et ses habitants ont été déplacés de l’autre côté de la rive dans une nouvelle ville, sans concertation, attribuant les quelques centaines de maisons identiques par tirage au sort aux villageois ayant abandonné celles qu’ils avaient construit de leur mains dans les années 70, lorsque ce même gouvernement leur avait demandé de quitter les habitations troglodytes. Les eaux du barrage ont emportées avec elles tout un écosystème, terrestre et halieutique d’une richesse égale à celles des vestiges archéologiques.